J’aime danser et j’ai toujours été fasciné par ces gens qui savent mouvoir leur corps sur le rythme de la musique, c’est d’ailleurs pour ça que je m’étais challengé d’apprendre une chorégraphie de Salsa Caleña. Alors quand ma coloc à Miami, une addict du yoga, me parle d’une soirée « Ecstatic Dance » où les gens viennent danser librement sur de la musique tribale et le tout sans alcool ni drogue, je suis forcément intrigué. Me voilà donc en route pour une nouvelle expérience !
Il est un peu plus de 20h lorsque j’arrive à l’événement. Ma copine a eu un empêchement et c’est donc SEUL que je vais découvrir la danse ecstatique. Après mettre affranchi du prix d’entrée (20 dollars), je retire mes chaussures afin d’entrer dans la salle, une pièce de la taille d’un terrain de basket, plongée dans une lumière bleutée et décorée pour l’occasion : Des bougies, de l’encens, des tatamis regroupés au centre, des coussins éparpillés de-ci de-là et face au mur principal se tient un espace de relaxation où l’on peut se recueillir.
À l’opposé, un DJ et sa table de mixage, a pour mission de faire bouger tout ce petit monde venu pour l’occasion. Nous devons être une quarantaine de personnes, majoritairement des femmes de tout âge, mélangé à quelques hommes, la plupart ouvertement gay. À l’entrée se tient un panneau avec une bouche barrée de l’index, il est interdit de parler : 4 heures sans pouvoir dire un seul mot. Qu’est-ce que je fous là ? Ahaha
Un groupe de personnes est agglutiné sur les tatamis, ils se meuvent lentement sur une musique relaxante, tâchant de recopier les gestes du leader. Il s’agit de l’échauffement. Je les regarde de loin, m’efforçant de ne pas les juger, car franchement on dirait une partouse de hippies qui auraient oublié d’enlever leurs vêtements.
Au bout d’une demi-heure à me demander si je les rejoignais ou pas, la musique change et prend un rythme plus entrainant. Le groupe s’éparpille dans tout l’espace qui nous est alloué, et chacun comme dans une bulle, se met à gigoter comme bon lui semble, en écoutant ce que son corps lui réclame. Les membres se disloquent et les mouvements, un peu saccadés, s’assouplissent peu à peu. Certains n’hésitent pas à réaliser des bons, puis des pirouettes, d’autres à tenter l’équilibre sur un pied ou les deux mains. Tout le monde a l’air de s’épanouir, sauf les quelques irréductibles comme moi, qui n’osent entrer dans la danse.
Après avoir observé suffisamment longtemps, il est temps de participer. Timidement, je fais un pas, puis deux et me voilà danseur. La musique me transporte et je finis par lâcher prise avec mon cerveau, laissant mon corps décidé de mes mouvements. Qu’il est dur de ne pas se sentir juger, que c’est agréable pourtant que de se délaisser complètement, une sensation de bien être et d’être seul au monde. Et pourtant, nous sommes tous là, dans une osmose parfaite à danser sur des rythmes tribaux, chacun à sa manière, mais dans une harmonie et une douceur latente.
La musique finit par s’adoucir. Chacun s’enferme petit à petit dans son monde, ferme les yeux et laisse la mélodie s’infiltrer dans ses veines. Je m’endors paisiblement, me sentant heureux de m’être laissé tenter par cette secte dansante à la recherche du bien-être.