Cet été, je me lançais avec mon papa dans un défi fou : rejoindre Guingamp à vélo 🚲 depuis Paris en passant par le Mont Saint Michel.
Mon père l’avait déjà fait quand il avait 18 ans en parcourant plus de 500 km à la force des mollets. Pourra-t-il le refaire à l’âge de 61 ans ? C’est le défi que nous nous sommes lancés ! MERCI PAPA <3
Depuis Paris jusqu’au Mont Saint Michel, nous avons pris les magnifiques chemins verts de la La Véloscénie : Paris => Le Mont Saint Michel
Du Mont Saint Michel à Paimpol, nous avons pris l’Eurovélo 4, une piste cyclable qui longe le littoral.
Journal de Bord
JOUR 1
À chaque fois que je pars à l’aventure, c’est toujours la même chose : le premier jour est un calvaire. Mon corps n’est pas habitué à autant d’efforts et il me le fait savoir rapidement. Les 7 heures de vélo en plein soleil ont été longues et je n’avais qu’une envie, c’était arrivé au bout de cette première étape.
J’ai bien essayé de motiver mon père pour s’arrêter plus tôt mais si dès le premier jour on ne fait pas ce qu’on a prévu, on va prendre du retard sur notre planning. Et puis je sais que mon corps en est capable.
On a prévu de faire une soixantaine de kilomètres par jour. On va à une allure moyenne de 12km/heure. C’est pas beaucoup, mais avec le chargement que l’on a, c’est difficile de faire plus. Surtout que la route est loin d’être plate. On est restés 7 heures en plein soleil à pédaler le cul sur la selle. Résultat : mes épaules sont rouges écarlates et je peux vous dire qu’il n’y a pas qu’elles qui sont rouges… J’ai ma douleur au genou droit qui est revenue. Depuis le GR20, je n’avais pas osé faire de gros efforts. J’en chie mais ça fait parti du jeu.
Malgré cela, j’ai la pêche et une motivation de dingue ! Faire ce voyage avec mon papa est pour moi une occasion unique de vivre une aventure unique père-fils. Mon père avait fait ce voyage lorsqu’il avait 20 ans, et 40 ans plus tard, il le fait de nouveau avec son fils, je trouve ça génial.
Ce soir, nous sommes arrivés au camping de Villiers le Morhier er demain nous partons en direction de Illiers-Combray en passant par Chartres via la @Veloscenie
À demain !
JOUR 2
Une journée qui a très mal commencé. Quand tu as passé une mauvaise nuit et que tu te réveilles à 7h du matin avec le bruit de la pluie , t’as pas vraiment envie de sortir de ton duvet, ranger ta tente et reprendre la route.
Mais on se lève, on se motive, on prend une bonne douche et un bon pain chocolat et hop on part ! Après 1 minute sur la route, on se rend compte que mon père a crevé et à la roue arrière en plus Départ retardé d’une heure. Au moins il ne pleut plus et nous partons en direction du château de Maintenon.
Un kilomètre et mon genou demande de nous arrêter. Oui, il a la faculté de parler, ou plutôt de crier. Ça ressemble à un truc du genre : ahhhhhhhhhhhhh
Je fais halte dans une pharmacie où j’achète une genoulliere pour éviter que ma rotule se déplace. Ça va tout de suite mieux et j’arrête de me plaindre. Mais c’était sans compter la pluie qui décide de s’accoupler avec le vent. On n’avance pas et on est trempé. Je n’en attendais pas mieux d’un voyage en vélo en plein mois d’août. Si au moins on était en Bretagne, je comprendrais ahahah
Arrivés à Chartres, nous déjeunons copieusement dans un bistrot au pied de la cathédrale, on ingurgite des forces et on prend un nouveau depart. On a 32km à faire pour atteindre notre camping à Illiers Combray. On est sur une voix verte plate et on suit les panneaux de la Veloscenie. Plus besoin de s’embêter à trouver notre chemin à chaque intersection. On gagne un temps fou, même si le vent a décidé de nous contrarier encore un peu.
Je sens mon père qui fatigue. D’ailleurs il fait une petite chute en voulant retirer sa veste lord d’une éclaircie. Cet après midi, il subit plus que moi, il est derrière moi constamment et j’ai le temps de m’arrêter pour faire des prises de vue. On avance à notre rythme mais on avance.
Deux kilomètres avant notre arrivée, on se reprend une averse sur la gueule, c’est pas grave puisque nous sommes à destination et qu’un magnifique arc en ciel vient nous consoler.
À demain 😉
JOUR 3
Troisième jour et pas une once de soleil. Il a décidé de se cacher toute la journée derrière d’épais nuages gris. C’est beaucoup moins plaisant de pédaler sous un crachin continue. Les couleurs sont moins vives, la route devient encore plus dangereuse qu’elle ne l’est, les vêtements sont mouillés dehors comme dedans et surtout on roule moins vite.
La capuche de l’anorak vient recouvrir la totalité de la tête, ce qui réduit notre champs de vision et altére considérablement notre écoute. Les oreilles se font discrètes et perçoivent uniquement le bruit de la pluie qui vient marteler le sol. Alors on pédale pour espérer dépasser les nuages. Les haltes se font plus rares et moins longues. Chaque petit problème devient un grand problème.
Dérailler n’est pas sorcier, mais quand mon père enraye sa chaîne une seconde fois, lui, qui fait toujours preuve de calme, perd patience. Je le sens rincé dans tous les sens du terme. Devoir réparer un vélo sous la pluie n’est jamais agréable. 300 mètres plus loin, il déraille à nouveau. J’explose de rire en arrivant à son niveau, lui aussi. Au moins on n’a pas crevé.
J’ai le sentiment que ce troisième jour est le plus difficile pour lui. Mon père n’est pas un grand bavard quand il s’agit d’exprimer son ressenti. Je lui demande son état toutes les heures pour être sûr qu’il aille bien. Mais je crois n’avoir jamais entendu mon père se plaindre, et ce n’est pas aujourd’hui qu’il le fera. Je pense qu’il a envie de se prouver à lui même du haut de ses 61 ans qu’il est capable de faire le même trajet que lors de ces 20 ans. Il le fera, j’en suis persuadé.
Pour savoir son énergie et sa motivation, j’ai juste à regarder s’il pousse de la voix. Mon papa qui chante est un papa en pleine forme. Aujourd’hui, il a poussé la chansonnette une seule fois le matin et ensuite je ne l’ai pas entendu, autant dire qu’il n’était pas au top.
Le midi, nous avons fait une halte sous un arbre qui nous protégeait partiellement de la pluie, on en a profité pour se faire un déjeuner bien consistant : oeufs durs, chips, fromage de chèvre, saucisson, il ne manquait plus que le pinard. On a même pris le temps de faire chauffer de l’eau pour boire un café et se réchauffer avant de repartir.
Une heure à pédaler sous la flotte et nous arrivons au château de Nogent le Rotrou. Je profite de notre passage dans la ville pour m’arrêter à la pharmacie et acheter des produits dopants – des compléments d’énergie de type vitamines C, D et du magnésium. Mon père est assujetti aux crampes, autant les prévenir. On procède à de petits aménagements afin d’alléger les sacoches de son vélo.
Personnellement, je pète la forme malgré la pluie qui est démoralisante. Je sens que mon corps s’est habitué au rythme et ma douleur au genou s’est atténué. Merci la genoulliere.
Nous finissons l’aprem calmement et décidons de raccourcir notre trajet du jour. Nous ne ferons au final que 52 bornes aujourd’hui au lieu des 78 espérées. La pluie a eu raison de nous.
Nous arrivons au camping de Remalard sur les coups de 17h. Installation de notre campement, dîner et au dodo. Il est 21h, il pleut toujours et mon père dort déjà.
À demain !!
Objectif de demain : Alençon
Ps : Si quelqu’un a un contact pour nous prêter un bout de gazon sur Alençon, nous sommes preneurs !
JOUR 4
Qui a t’il de pire pour commencer une journée qu’un temps de merde ? Casser son téléphone sous la pluie ! Je peux vous dire que ce matin j’avais les boules. Mon smartphone me sert de GPS, de camera et d’outil de travail, et le faire tomber aussi bêtement m’a mis dans tous mes états. A chaque coup de pédale, j’y repensais…. Et je me disais comment vais je vous donner des news. Bref, c’est pas la fin du monde et je le ferais réparer à mon retour. En attendant j’utilise ma Go pro et le téléphone de mon père.
La route du matin était de loin la plus agréable du parcours. De Remalard à Alençon, un sentier vert uniquement pour les cyclistes s’étend sur plus de 40 kilomètres. Le chemin n’était pas compliqué : un plat au milieu d’une rangée d arbres infinis. Ce tronçon a été bâti sur une ancienne ligne de chemin de fer. C’est magnifique, c’est calme et en plus cela protège de la pluie ! Qui plus est, on peut rester côte à côte et parler. Je peux vous dire que ce matin on a fait que chanter
Après avoir déjeuner, les nuages ont commencé à se dissiper et le ciel bleu a fait son apparition. Pas complètement, mais suffisamment pour que l’on fasse tomber la veste. On enquille les kilomètres jusqu’à Alençon et on décide de continuer encore 25 bornes jusqu’au camping de Carrouge.
C’est difficile d’expliquer la douleur et de la faire ressentir par écrit. Sachez juste que pour arriver au bout du bout, on en a chié et on a pensé plusieurs fois à déployer la tente dans un champs. Le terrain est fait de collines sans fin et chaque descente se finit immanquablement par une montée au moins aussi longue. Aux premières ascensions, on ne lâche rien. On force debout sur le vélo pour arriver en haut et regouter au plaisir de la descente. Le problème se pose au bout de la sixième fois quand tu comprends que les prochains 10 kilomètres sont un grand huit interminable. Alors on essaye de monter le plus loin possible et on finit à pied. Les cuisses tirent de plus en plus et arriver au bout des 69 kilomètres de la journée s’est fait dans la souffrance.
Heureusement, le décor est magnfique. On traverse de jolies petits villages dont le clocher de l’église se voit à des centaines de mètres. Les champs de blé sont parsemés de bottes de paille. Les routes sont pour la plupart délimitées d orties, de noisetiers et de muriers. On s est d’ailleurs permis de déguster des mures sauvages. Un petit plaisir qui n’a pas de prix.
À demain
JOUR 5
Malgré un réveil pluvieux, nous avons eu du beau temps toute la journée et je peux vous dire que ça change tout !!!
On a commencé la matinée tranquillement en visitant la ville et le château de Carrouges sous une magnifique lumière. J’en ai profité pour sortir mon drone et prendre des images aériennes.
On a ensuite enchaîné les kilomètres au milieu de forêts de pins pour arriver à Bagnoles de L’orne. On a déjà du retard sur le planning du jour mais on se dit que c’est pas grave. On fera ce qu’on peut.
Physiquement on est KO, on commence vraiment à souffrir et les fins de journées se font dans la douleur. On enchaîne les kilomètres jusqu a la ville de Donfront située dans les hauteurs. C’est valloné mais les pentes restent faisables. On ne met presque pas le pied à terre, c’est pour vous dire !
On enchaîne ensuite les 28 derniers kilomètres sur une piste verte construire sur une ancienne voie ferrée. C’est tout droit, tout plat. On avance sans broncher et on profite du paysage. On croise moutons, vaches et chevaux, ainsi qu’une autre espèce d’animal : des humains à vélo. Il y’a même des vrais vieux (plus vieux que mon père) qui vont plus vites que nous !!! Impossible de les rattraper. Ah oui ils ont des vélos à assistance électrique les malins.
Une belle journée qui se finit par une arrivé à notre objectif initial : Mortain situé en haut d’un énorme col. Même à pied, il était dur à gravir.
Nous sommes à 51 kilomètres du mont Saint Michel. Cela veut dire que demain nous y serons en fin d’après midi ! Nous tenons notre planning et à cette vitesse là nous serons à Guingamp dans 3 jours. Enfin, faut il que le corps suive. Mes mollets et mes cuisses sont durs comme du bois mais je crois que la douleur la plus intense se situe au niveau de l’entre-jambe… Même chose pour le papa qui se plaint du même endroit.
À demain
JOUR 6
Ce matin, on a mis du temps pour partir de Mortain car l’idee de pedaler sous la flotte ne nous enchantait pas. Mais Hugo qui me suit sur Facebook m’a envoyé un message pour me proposer de passer par chez lui pour déjeuner. L’idée d’un repas bien chaud le midi nous a surmotivé. On a pedalé sur 20 kilomètres le long de la voix verte avant de dévier de 5km de notre trajectoire. Et là, O surprise, la plus longue côte de notre périple. On grimpe pendant des kilomètres sur une route à n’en plus finir se demandant si on a bien fait de changer de trajet. Et la réponse est un Immense OUI !!!!
Hugo et sa famille nous ont accueillis comme ci on était de leur famille. On a pu laver nos affaires, déjeuner copieusement et tester leur cidre fait maison, réparer nos vélos et même pousser la chansonnette. Bonne humeur garantie !! Et pour finir en beauté, Hugo et son père Christian nous ont accompagné à vélo pendant une dizaine de kilomètres. Une telle hospitalité nous a donné tellement d’énergie qu’on a roulé sans se plaîndre jusqu’à la mer. Et même lorsqu’on a eu une crevaison, nous n’avons pas bronché. Bref Merci !!!!!
Journée qui a commencé sous la pluie et la brume, et qui se termine en beauté au Mont Saint Michel. Des automobilistes nous ont offerts des bières en roulant tout en nous encourageant et un hôtelier a accepté qu’on plante notre tente dans son jardin gratuitement.
Le Karma est revenu, pourvu que cela dure
À demain