Après une demi-journée à naviguer entre les rizières, nous arrivons finalement à Kintamani. Il est 19h et la nuit est déjà tombée. La brume et la pluie ont envahi la route et notre chauffeur peine à voir. Il nous dépose devant un hôtel ne rentrant pas dans notre budget. Nous négocions le prix de la chambre pour 25 dollars la nuit au lieu des 75 dollars habituels (« Just for you my friend »). En attendant notre diner, un guide montagnard vient nous voir. Cela tombe bien, on est venu pour faire cette incroyable randonnée dont tout le monde parle.
Il nous vend le truc comme jamais on nous l’avait fait. Nous serons avec un spécialiste de la montagne et aurons un petit déjeuner en haut du col, cuit avec la vapeur du volcan SVP, le but est d’arriver au top pour le lever du soleil. Tout est prévu et organisé au millimètre : navette jusqu’au pied du mont, lampe torche pour y voir clair et bouteille d’eau pour s’hydrater durant l’ascension. Pour couronner le tout, nous serons seulement 4, c’est-à-dire nous et un couple de français. Si le temps est trop mauvais, nous pouvons reporter le trek.
Bref, toutes les conditions sont réunies pour qu’on se décide à payer (60 dollars chacun si vous voulez tout savoir). Une somme énorme pour l’Indonésie.
Il est 3h30 du matin, notre réveil sonne. Je regarde par la fenêtre, il pleut toujours et la brume n’a pas bougé d’un poil. Nous quittons notre chambre et sommes accueillis bruyamment par des chiens. Nous parvenons à sortir de ce fichu hôtel et une voiture nous attend comme prévu. Je demande au chauffeur s’il va bien au pied de la montagne pour le trek et il nous fait signe de monter à l’arrière. Il s’agit d’un pick-up, une fourgonnette sans toit et sans siège à l’arrière. Nous grimpons dans la remorque sans conviction et roulons pendant 20 minutes sous la pluie. Nous ne sommes pas assis mais à califourchon, agrippés à la carrosserie comme on peut, la tête qui dépasse légèrement pour voir la route. Qu’est-ce qu’on fout là en plein milieu de la nuit ?
Nous arrivons au lieu de rendez-vous. Le chauffeur nous demande une contribution pour le transport. On refuse en expliquant que l’on a déjà payé hier. Des balinéens nous demandent où se trouve notre guide… Cela tombe bien, on se pose la même question ! Apparemment, on s’est gouré d’auto… Après plusieurs discussions et une quinzaine de minutes d’attente, on embarque à nouveau dans une voiture. Cette fois-ci, c’est la bonne ! Le chauffeur nous dépose quelques kilomètres plus loin avec d’autres randonneurs. Nous sommes avec deux (petits) Suisses, et deux Allemands à qui on avait promis de faire la randonnée en compagnie de deux jolies filles du même âge et du même pays. Ils sont forts ses balinéens pour vous convaincre de faire une activité.
On nous explique brièvement le topo en nous filant des torches. Nous voilà partis pour une ascension de 2-3 heures. Il fait toujours aussi sombre et la pluie n’a pas l’intention de nous quitter. On marche à un très bon rythme, et faisons que très rarement des pauses. Au bout d’une demi-heure, le chemin plat et sans difficulté est remplacé par un chemin beaucoup plus abrupt. La marche se transforme en escalade dans un noir presque total. Seule la lumière de notre unique torche éclaire le sentier. Kate est épuisée et nous peinons à suivre le groupe tellement le guide va vite. Il faut nous imaginer à 5-6h du matin, avec notre lampe à la main, tentant d’y voir quelque chose au milieu des éboulis de pierres et avec la conviction qu’on n’y verra rien une fois au sommet tellement la brume est dense. Kate se sent mal, très mal et nous hésitons à redescendre. Il nous reste au moins une demi-heure avant d’arriver au premier stop et redescendre seul est trop risqué d’après notre accompagnateur. On s’arrête, et on réfléchit. Kate en profite pour déglutir l’eau qu’elle venait d’absorber. Elle se sent d’un coup nettement mieux. Tant mieux car je commençais à vraiment m’inquiéter. On repart. Le jour commence à faire son apparition et nos lampes deviennent inutiles.
On parvient finalement à la première étape du trek et on s’assoit dans un refuge où des boissons chaudes et froides sont servies. Beaucoup de randonneurs pensent que cela fait partie du trip, mais il faut comme partout ici payer un extra pour les breuvages.
La vue sur le lac avec le lever du soleil n’est malheureusement pas à l’ordre du jour… Dommage, car c’était le but de cette randonnée matinale. Après avoir ingurgité notre petit déjeuner pain banane, la vue se dégage. Pendant un instant, nous pouvons enfin apprécier le spectacle : une vue panoramique sur cette étendue d’eau, mais hélas sans les couleurs rose-orangé qu’on nous avait promises. Une fois le brouillard dissipé, on découvre des dizaines d’autres randonneurs éparpillés le long de la montée. Comme quoi, on n’est pas les seuls touristes à avoir mis le prix juste pour marcher… Le pire dans l’histoire, c’est qu’on a oublié la carte mémoire dans notre chambre. Pas trop grave, la vue est la même depuis l’hôtel.
On apprend que cette randonnée peut être faite en payant juste le droit d’entrée, soit seulement quelques dollars, rien comparé au prix que cela nous a coûté. Plus que des spécialistes de la montagne, nous avons eu à faire à des spécialistes du marketing. Une bonne leçon. On ne se précipitera plus jamais pour prendre une décision impliquant de l’argent.
Commentaires
Hey ça s’en l’arnaque ça !! Nous on avait négocié le tour à 10$ par tête,on était 4. Après je te dis pas la négociation sans fin qui a duré 2h !
Au départ,c’était 50$ !
Dommage pour la vue en tout cas car quand il fait beau,c’est vraiment magique !
Bon trip en Asie !
Je pense que ca depend beaucoup du temps et de la saison à laquelle on le fait
Excellent cette histoire… quel sentiment de frustration avez vous dû avoir… mais ça fait partie du voyage
Hé hé ton récit m’a bien fait sourire, j’attendais à chaque ligne le nouvelle péripétie de cette arnaque! Mais soyons honnête, cela crée des souvenirs…! 😉
Hé bien dis donc c’est de l’aventure ça…. Ça ne doit pas faire sourire sur le coup, mais après je pense qu’on en sourit… Est-ce votre cas?
C’est comme partout! Ils vendent du rêve aux touristes!
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Hum la bonne anecdote qui fait bien chier…
Lors de notre voyage à Bali au printemps 2012, nous n’avons pas fait cette rando que tout le monde nous a pourtant conseillé. Je m’explique : une grosse averse matinale la veille et surtout l’incapacité de trouver des infos fiables sur la teneur de cette excursion nous ont bien refroidi : un coup ça dure 4h et c’est hard, un coup la rando est réglée en 2h easy en tong… un coup le prix est de 60$, puis d’autres fois c’est beaucoup moins cher…
Bref bien le bordel !! Finalement on s’est contenté de la belle vue depuis Kintamani 🙂
Salut Rémi,
Merci de partager cette mauvaise expérience ! Si je vais un jour à Bali, je ferai attention à ça…
Par contre, c’est quand même dingue cette histoire de pick-up sans siège ! Je ne pense pas que je serai monté.
Est-ce que tu es retourné à Bali depuis ?
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