Dans la vie, il y a deux types d’individus : il y a ceux qui rêvent et ceux qui réalisent leurs rêves. Ludovic fait parti de la deuxième catégorie. Il est parti en tour du monde en autostop pendant 5 ans. Portrait d’un autostoppeur que rien n’arrête.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Ludovic Hubler. Entre 2003 et 2008, j’ai réalisé un tour du monde en utilisant uniquement le stop sous toutes ses formes (auto, camion, bateau, etc.) pour me déplacer. J’aime considérer ce tour du monde comme mon « doctorat de la route », une école de vie formidable où mes professeurs n’étaient pas dans des salles de classe, mais au volant de voitures, camions, etc.
Depuis mon retour, après la rédaction de mon livre Le monde en stop, j’ai d’abord travaillé pendant 5 ans dans l’organisation internationale Peace and Sport sous le Haut Patronage de SAS le Prince Albert II de Monaco puis l’ai quitté pour me focaliser sur le développement de Travel With A Mission.
Travel With A Mission (TWAM) est une plateforme web facilitant la rencontre entre individus souhaitant partager un savoir, une connaissance ou une expérience avec des individus souhaitant leur offrir un public. TWAM promeut le voyage engagé et s’engage dans la création d’un monde meilleur fait de dialogue et d’échange. En savoir plus.
L’auto-stop, c’est quoi pour toi ?
À la fois une excellente école de vie, le stop a façonné qui je suis, mon comportement, ma personnalité. C’est une école de persévérance, de patience, d’attitude positive, de débrouillardise, d’empathie, de diplomatie, de capacité d’adaptation… Bref, un superbe complément à ce que l’université peut enseigner.
C’est pour moi aussi un goût de l’aventure permettant des rencontres extraordinaires. Chacune des personnes que l’on rencontre en stop laisse quelque chose : une information, une vibration, une sensation. On apprend de chacune des personnes. On apprend aussi beaucoup sur soi, un tour du monde en stop permet un véritable voyage intérieur.
Une histoire vécue grâce à l’auto-stop ?
Il est 10h du matin. Je suis dans la ville de Key West, ville à l’extrême sud de la Floride, avec pour objectif de rejoindre la ville de Miami située à 3 heures de route au Nord. Alors que je marche tranquillement au bord de la route, un homme d’une cinquantaine d’années s’arrête et me dit « tu vas où ? » « Miami », je lui réponds. « Wow, mais c’est super loin, tu y vas à pied ? » « Non, je marche jusqu’à la sortie de la ville pour faire du stop » je lui réponds. « Viens, je t’emmène un peu plus loin » me dit-il.
À peine entré dans sa voiture, je lui explique rapidement mon aventure autour du monde, lui paraissant pour le moins abstrait. « Tu vois, moi, je ne suis quasiment jamais sorti de Key West, je suis jardinier depuis toujours, j’habite sur un petit bateau car les loyers ici sont trop chers et je viens de réaliser un de mes rêves, m’acheter ma propre voiture ; je fais aujourd’hui de temps en temps le tour de la ville pour en profiter ». « Vous n’êtes quasiment jamais sorti de Key West ?!! n’aimeriez vous pas un jour connaître autre chose ? » je lui demande « Oh oui, j’aimerais un jour aller à Miami avec ma voiture, c’est mon prochain rêve ; j’ai tellement entendu parler de cette ville, mais c’est loin et j’ai peur d’y aller seul, j’ai toujours eu peur de l’inconnu »… Étant donné que nous commençons à sortir de la ville et qu’il y a plusieurs stations-service où je pourrais trouver un futur chauffeur, je lui propose de me déposer, je me dis qu’il pourra alors retourner tranquillement à ses activités, mais il répond qu’il apprécie l’opportunité de pouvoir parler et souhaite continuer.
Les kilomètres s’accumulent et cet homme me raconte toute sa vie, ses problèmes et sa solitude, me disant qu’il n’a aucun ami pour se confier et que ça lui fait du bien de pouvoir parler. Aimant penser que « la nature nous a donné deux oreilles et une bouche pour écouter le double de ce que l’on dit », j’écoute les histoires de ce brave Monsieur, lui pose des questions et le sens heureux de s’exprimer, tellement heureux qu’il m’emmènera finalement jusqu’à Miami, lui faisant faire un détour de 6 heures aller-retour !!! Cela semble incroyable mais c’est pourtant ce qui s’est passé ; cet homme me dira à la sortie qu’il avait déjà eu des pensées suicidaires et que de m’avoir connu va lui changer sa vie, le poussant à avoir des objectifs et les réaliser…
Je suis alors sorti de la voiture le remerciant, il me répond alors « Ne me remerciez pas, vous m’avez donné un nouveau goût à la vie et je suis maintenant à Miami avec ma voiture, un vrai rêve »… C’est beau l’auto-stop !!!
Que dirais-tu à quelqu’un qui n’ose pas encore faire de l’autostop ?
Je lui dirais de sortir des idées préconçues et de tenter sa chance tout en gardant un mental positif. Son expérience sera formidable à n’en pas douter et il apprendra beaucoup par ce biais. J’ai toujours aimé considérer le stop comme une formidable école de vie : de patience, persévérance, capacité d’adaptation, diplomatie, débrouillardise, etc. Le stop a façonné qui je suis, mon caractère et ma personnalité. Je ne peux que le recommander. Au niveau pratique, je lui dirais d’aller autant que possible dans les stations-service pour parler aux gens, d’avoir des choses à montrer pour donner de la crédibilité (carte, photos, etc.), de ne jamais se décourager, d’être toujours souriant et poli. Je lui souhaiterais ensuite bonne chance.
Pour en savoir plus sur Ludovic Hubler :
Je ne peux que vous conseiller la lecture du livre de Ludovic Le monde en stop, ainsi que de parcourir son blog qui fourmille d’anecdotes passionnantes.
Commentaires
Je n’ai jamais fait de stop, pas même en voyage. Pas par peur ni par pudeur mais parce que je n’y ai tout simplement pas pensé et pourtant, à lire ce que partage Ludovic, ça donne franchement envie! Surtout quand on se retrouve à faire des rencontres aussi belles et bourrées de sens!
Bref, je m’en vais de ce pas, non pas faire du stop (mais j’essayerai!) mais d’abord découvrir Ludovic. 🙂
Son dernier article : Florent Guillarme de 7sommetspour1defi