Yerson, le Cubain-Suédois, m’a proposé de se faire un week-end plage direction la ville touristique de Varadero. Étant cubain, il a un plan pas cher pour y aller et pour se faire loger. « Pourquoi pas » me dis-je.
Le RDV est pris à 7h du matin, il débarquera à 9h, me fera poireauter chez lui une bonne heure, avant d’enchainer sur — tenez-vous bien — 30 minutes de taxi collectif, 40 minutes de camion-bus, 20 minutes de car surclimatisé et pour conclure sur 20 minutes de calèche. Chaque mode de transport étant entrecoupé de longues attentes sous un soleil cuisant. N’imaginez pas un voyage idyllique, chaque transport est à sa capacité maximum et on sent largement la chaleur humaine. Je n’écris pas ça pour me plaindre, je plante juste le décor. Ce qui est marrant, c’est à quel point les enchainements ont l’air faciles, alors qu’en réalité c’est un vrai casse-tête tant l’information est inexistante.
Les étrangers prennent généralement un bus direct tout confort depuis La Havana avec la compagnie de bus Viazul. La Havana – Varadero, c’est 10 CUC pour 2 heures de bus. Y aller à la cubaine m’est revenu à 4 CUC pour 3 heures de transport. Je vous laisse faire votre choix 🙂
Nous ne sommes pas exactement à Varadero, mais dans un village situé à 5 kilomètres des plages. Village que nous avons atteint en calèche — la classe. On finit donc par atterrir dans un club de vacances pour Cubains, avec piscine, restaurant et maisonnettes. On loue une maison avec 3 chambres pour 5 CUC la nuit. Comme m’avait dit Yerson, c’est effectivement pas cher. Le problème, c’est que nous sommes 3 — il a ramené un gros cubain de 45 ans qui nous fait office de laissez-passer — et que je paye tout : les transports, la bouffe et surtout l’alcool…
Yerson et son ami ont décidé de se la mettre sévères. On installe dans la casa une sono louée à un voisin, et ils achètent de quoi remplir le frigo : des bières, du rhum et de l’eau. Je n’ai pas du tout envie de boire, surtout à 15h quand mon ventre est vide. Je passerai ma journée à lire et la soirée à les écouter d’une oreille, tandis qu’ils enquilleront bouteille sur bouteille jusqu’à épuisement.
Yerson, comme la majorité des Cubains, n’a reçu aucune éducation en matière d’écologie. Jeter par terre ses déchets ne semble donc pas le déranger. Gobelets en plastiques, paquets de cigarettes, bouteilles de verre. Intérieurement je bouillonne surtout lorsque nous nous retrouvons sur une plage paradisiaque. Et le pire dans tout ça, c’est que je n’arrive pas à lui faire comprendre que son attitude est néfaste pour l’environnement.
En plus de réveiller l’écolo qui sommeille en moi, il ravivera également mon âme de féministe. Siffler les filles est ici un sport national, et Yerson ne s’en privera pas durant ces deux jours. À chaque fois que Yerson parle à une femme, j’ai l’impression qu’il lui manque de respect. Je ne suis pas du tout à l’aise de le voir frimer. Son rapport aux femmes est aux antipodes du mien et c’est vraiment compliqué pour moi que d’accepter ce genre de comportement.
La nuit sera longue pour plusieurs raisons.
Je suis dans un dilemme : les moustiques ou les acariens ? La couette sans drap me protège des piqûres de moustiques, mais l’asthmatique que je suis n’arrive plus à respirer.. Que choisir ?
Vers les 2 heures du matin, je me fais réveiller par deux des voisines très alcoolisées qui en veulent à mon corps. Je les rejette et essaye de me rendormir. En guise de fond sonore, j’ai le droit à un combo magistral de musique cubaine, accompagné d’un lit qui grince (encore !!). Yerson voulait m’impressionner en baisant une des voisines, il me dégouta. Je suis certain qu’il a payé la fille, et celle-ci n’était même pas majeure !!
Je me réveille aux aurores et en profite d’être seul pour me promener dans le village voisin. Ça sent l’authenticité. La place centrale est animée, on emmène les enfants à l’école, les calèches se croisent et les petits commerçants servent le café matinal. Je m’assois et contemple tout ce beau monde s’activer. J’aime ses petits moments simples.
Les deux zigotos ont fini par se réveiller et nous nous sommes rendus à la plage de Varadero. Je ne vais pas vous mentir, la plage est d’une beauté incroyable avec une eau bleu turquoise s’étendant sur des kilomètres. Je comprends pourquoi Varadero est aussi populaire auprès des touristes.
On finira par rentrer à la Havana en prenant toujours autant de transports qu’à l’aller. J’arrive à ma casa particular, je suis content. Content de retrouver ma famille d’accueil, mais surtout content de savoir que je ne veux plus du tout trainer avec Yerson. Il ne m’apporte pas grand-chose et on n’a clairement rien à se dire.
Bref, byebye Yerson.
Commentaires
Et ben putain quelle galère!
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